24. « Il semble que vous portez le deuil »

30 mars 1917: Mes biens chers Amis. Voici un moment d’accalmie, vite j’en profite pour vous adressez quelques mots. Tout d’abord ma santé qui vous inquiète surtout, est excellente, ma forte constitution a résister au rigoureux hiver de cette année et aux intempéries auxquelles nous sommes sans cesse exposés. Vous voilà donc rassuré à ce […]



30 mars 1917:

Mes biens chers Amis.

Voici un moment d’accalmie, vite j’en profite pour vous adressez quelques mots. Tout d’abord ma santé qui vous inquiète surtout, est excellente, ma forte constitution a résister au rigoureux hiver de cette année et aux intempéries auxquelles nous sommes sans cesse exposés. Vous voilà donc rassuré à ce sujet et quant aux dangers tranquillisez vous pour l’instant. Je ne cours pas grand risque, faites comme moi n’y penser jamais ! Dieu ne me protège-il pas ? Voilà plus d’année de présence presque continuelle au feu et je n’ai pas encore la moindre égratignure ! Certes j’ai vécu des heures très critiques mais vous voyez que je ne m’en porte pas plus mal ! Bref j’espère que l’état de santé de chacun est aussi bon que possible en dépit des dûrs môments que nous traversons. J’espère que si l’état de santé de l’un de vous laissait à désirer vous n’hésiteriez pas à m’en informer, soyez persuader que je suis suffisamment fort pour supporter éventuellement semblable nouvelle. Je vous parle de la sorte, mes biens chers amis, parce que d’après la photographie que j’ai eu le grand bonheur de recevoir par l’intermédiaire de mon ami André, il semble que vous portez le deuil. Vos vêtements sont si sombres, M. Anna semble porter les boucles d’oreilles et un collier de perles noires ! Cette double constatation m’a violemment frappé et attristé. L’incertitude dans laquelle je suis plongé maintenant m’afflige d’avantage encore ! Aussi j’espère que vous me rassurerez au plus tôt !

A part cela vous devinez aisément ma joie de pouvoir contempler les traits de ceux qui me sont si chers. A maintes reprises déjà Mr L. Vanb. m’a invité à passer quelques jours de congé chez lui. Voilà déjà depuis un mois que je puis solliciter un congé mais je ne puis m’y décider. J’ai peur que cela m’obligerait trop vis a vis de lui dans l’avenir. Je réfléchirai encore. Me voilà déjà au bout de ma lettre. Des photos je vous en ai envoyé 13 ou 14 depuis la fin 1916 et par divers courriers, actuellement je n’en ai plus, j’attends la 1ère occasion pour me faire photographier. André, Lucien, H., Fred, Jacques se portent très bien. Dans l’attente de vous lire, recevez tous mes plus gros baisers.

Tout à vous,

Jean