25. Je passe Brigadier !

7 avril 1917: Ma bien chère Amie. Puisque me le permet j’en profite pour vous adresser ces quelques lignes qui j’espère ne manqueront pas de vous faire plaisir. Tout d’abord, j’aime à croire que vous ne m’en voulez pas de ce que jusqu’à présent je ne vous ai jamais adressé personnellement de correspondance car je […]



7 avril 1917:

Ma bien chère Amie.

Puisque me le permet j’en profite pour vous adresser ces quelques lignes qui j’espère ne manqueront pas de vous faire plaisir. Tout d’abord, j’aime à croire que vous ne m’en voulez pas de ce que jusqu’à présent je ne vous ai jamais adressé personnellement de correspondance car je considère d’une part qu’il est inutile et très dangereux d’augmenter le nombre de mes correspondants, d’autre part quoique adressées à l’un de vous, mes lettres vous intéressent tous. Il ne faut pas perdre de vue non plus que les moments de répits sont rares et toujours très courts. Aussi je ne laisse échappé aucune occasion pour vous écrire. Mes occupations sont bien plus absorbantes et plus dûres que celles d’Henri V. ce qui explique que ses amis reçoivent probablement plus de lettres que les miens.

Ici après une longue interruption je poursuis ma lettre. Cette lettre faisant suite à celle que j’ai adressé la semaine dernière Vic. et Chr. Je ne parlerai ni de vos santés ni de la mienne espérant toutefois quelles sont excellentes. J’ai une petite nouvelle à vous annoncer. J’ai été nommé brigadier le 1er de ce mois, cela vous prouve que je fais mon devoir er mon service à l’entière satisfaction de mes chefs. Quant à moi j’espère bien ne pas en rester là, ce que j’envisage surtout c’est la solde ! Point très important pour le moment.

Samedi dernier j’ai eu le plaisir de recevoir la visite du cher ami André. Nous ne nous étions plus vu depuis Septembre 1916, vous devinez notre joie. Il se porte toujours à merveille. Pendant quelques heures nous avons pu nous entretenir au sujet de nos familles, nous nous communiquions les nouvelles du pays ! Ce sont là de bien doux moments qui hélas passent toujours trop vite ! Le devoir nous réclame sans cesse ! Luc. Fréd, Sn (ce dernier j’ai eu également le bonheur de la voir ; notre dernière entrevue datait de mai 1916 ! Il est toujours aussi bien portant et courageux que par le passé, il me communique souvent de nos nouvelles. C’est l’un de mes meilleurs compagnons) donc Luc. Fréd ainsi que tous les autres sont en parfaite santé. Je termine en vous embrassant tous de loin. Soyez convaincu que bientôt nous aurons le bonheur de nous revoir et de nous embrasser.

Votre Jean,

Brigadier.