19. Ballet d’artillerie au mois d’août

Lundi 14 Août: Lever à 9 heures. Après déjeuner je me prépare à la théorie. De 11h à 12/2 théorie. Après-midi je me confectionne un sac a paille au moyen de 6 sac a terre que je rempli aussi de paille fraiche, malheureusement, cette nuit je coucherai le nez contre le plafond de mon abrit. […]



Lundi 14 Août:

Lever à 9 heures. Après déjeuner je me prépare à la théorie. De 11h à 12/2 théorie.

Après-midi je me confectionne un sac a paille au moyen de 6 sac a terre que je rempli aussi de paille fraiche, malheureusement, cette nuit je coucherai le nez contre le plafond de mon abrit. Il y a grande activité aux lances bombes et aux canons de tranchées. Se soir nous assistons a un bombardement de la route de Lettenburg. Beaucoup de fusants (une véritable fusée de feu d’artifice qui éclate dans la nuit avec fracas ou l’on voit tout fragments de fer rouge retomber. C’est terrible). Après le départ du fourgon de vivre je vais me coucher mais il me faut faire de véritables tours de force pour me glisser entre le sac de paille et le plafond.

Mardi 15 août:

Fête de l’Assomption.

Je me fais un devoir d’assister à la Ste Messe que notre aumonier célèbre à l’intention de chères familles dans sa chambre à l’Etat Major (ferme des paratonnerres). Combien cette messe m’est un réconfort malgré sa simplicité. Point d’apparats et comme musique le bruit lourd du canon (coups de départ, éclatements des projectiles ennemis que ce dernier nous envoi par intermitence ! Et mes pensées s’envolent tout là-bas vers ceux qui souffrent et qui m’attendent… Courte allocution sur le besoin de la prière. Je me rappelle ces 15 Aoûts des années précédentes !!

Je rentre tout heureux à la position, après déjeuner je bloque ma théorie. De 11h à 12/2 théorie par l’adjudant.

Nous sommes là aussi tranquiles que dans la cour d’une caserne malgré les sifflements des obus qui passent au dessus de nos têtes a intervalles réguliers. Les boches cherchent a atteindre des pièces lourdes en [arrière] de notre position. Après midi jeu de balle. Les pièces lourdes visées ce matin, ouvrent le feu sur l’ennemi. Après souper nous allons relever le masque que le vent vient de renverser. Grande activité de nos avions qui donnent de la besogne aux boches. Ces derniers tirent sans résultat, cette activité dure toute la nuit.

Mercredi 16 août:

A 11h théorie de l’Adjudant. Après midi correspondance, étude et jeu de balle avec officiers. Les batteries de 120 longs à notre droite tirent beaucoup, les boches répondent facilement.

Depuis quelque temps la nourriture c’est énormément améliorée. Comme souper nous avons : 1 tranche de rôti, carottes et pommes de terre, repas épatant. Nouvelle partie de balles. Nous continuons à remplir le parapet, ce travail est achevé aujourd’hui. Les boches peuvent tirer, notre position est excellente. Nous voudrions bien tirer, on fini par s’embêter à ne rien faire. Notre pièce est de garde, je monte la 2de faction de 1 à 4. Peu après mettre coucher, un avion ennemi va survoler à deux reprises Fortem, y lance des bombes (5-7). Je ne suis même pas sorti pour aller voir.

Jeudi 17 août:

Nicolas vient de me réveiller à 1h. Durant toute ma faction, les batteries à notre gauche font par intermittence du tir rapide. Grande activité des mortiers et canons de tranchées. Au loin dans la direction d’Ypres, on perçoit un roulement lourd de bruit du canon.

Ici devant Dixmude, la mitrailleuse de fait entendre de temps à autre. Malgré tout cela mes pensées sont à Bruxelles ou peut être ceux qui me sont chers dorment et me voient en rêve, peut être aussi éveillés, leurs pensées sont tournées vers moi et ne se doutent pas que je suis ici, que je veille, prêt a tirer au moindre ordre !

A 4h je vais réveiller mon remplaçant et rentrer dans mon abrit et ne quitter mon « lit » qu’à 10h du matin. 11h théorie, je progresse, j’en suis aux régimes de tir.

7 tués et 20 blessées, tel est le bilan du raid des avions ennemis de hier soir. Tous des travailleurs du D.G. parait-il. Après midi les boches se mettent a bombarder les batteries de 120 longs à notre droite mais leur tir est horriblement mauvais. Pendant que j’écris, plusieurs projectiles viennent éclater à une trentaine de mètres de mon emplacement. La 1re bombe près de la passerelle ou passait un fantassin qui a… mis [retranscription strict du manuscrit] des jambes.

Un peu de pluie et le sol est boueux comme s’il avait plu durant 8 jours ! Au loin dans les lignes boches on aperçoit un saule. Les avions ennemis sont devenus d’une rareté étonnante.

Vendredi 18 août:

Bilan du raid des avions ennemis hier soir : 6 ou 7 tués et 20 blessés, tous travailleurs. Une bombe est tombée sur un homme couché dans son lit, son voisin en est sorti indemne. A part l’activité ordinaire de l’artillerie, canons et mortiers de tranchée, rien a signaler.

Soldats belges à Oostkerke en juillet 1916

Soldats belges à Oostkerke en juillet 1916