20. Premières nouvelles en 1917

14 janvier 1917: A mes Parents chéris, frères, famille, Chrétien et amis. L’année 1917 semble débuter d’une façon meilleure pour notre correspondance car voici que depuis le 1e j’ai reçu une carte et trois lettres. La 1e datée du 24 Août contenant les quelques gentilles et innocentes phrases de mon cher petit cousin Jean ainsi […]



14 janvier 1917:

A mes Parents chéris, frères, famille, Chrétien et amis.

L’année 1917 semble débuter d’une façon meilleure pour notre correspondance car voici que depuis le 1e j’ai reçu une carte et trois lettres. La 1e datée du 24 Août contenant les quelques gentilles et innocentes phrases de mon cher petit cousin Jean ainsi que la longue lettre de mon fidèle ami Albert, remerciez le de ma part pour les profondes marques d’amitiés qu’il ne cesse de me témoigner, je lui adresserai une lettre de ces jours. La seconde lettre reçue date du 9 Novembre et celle que j’ai reçue aujourd’hui avec une immense joie date du 27 Novembre. Je viens donc de recevoir dans ce court laps de temps d’une dizaine de jours presque autant de lettres que durant toute l’année 1916. Je suis heureux d’apprendre que malgré les souffrances que vous devez endurer vos santés sont toujours excellentes et que vous montrez sans cesse un courage tenace et inébranlables, c’est pour moi chers Parents la plus grande consolation.

Mais quelle douleur aussi d’apprendre que vous recevez si peu de mes nouvelles et cependant si vous saviez combien de fois je vous écris en 1 mois de temps, par tout les tuyaux possibles. Des photos que vous me réclamez, je vous en ai envoyées une douzaine pendant la 1ere huitaine de Septembre, à toutes était jointe une lettre et je les avais remises à différents courriers. Je suis désolé de ce que au 27 Novembre vous n’en ayez pas encore reçu une seule ! J’espère toutefois qu’à l’heure actuelle vous aurez déja eu le bonheur de contempler votre fils aimé en tenue d’artilleur. En même temps que cette lettre je vous adresse la dernière photo qui me reste avec la ferme conviction qu’elle vous parviendra.

Rassurez-vous quant à ma santé, elle est robuste et forte comme l’acier, elle résiste admirablement bien aux intempéries, après 12 mois de campagne j’attends encore le 1er rhume. Parfois même je suis forcé de me demander comment est-il possible de résister ? À cette vie de grenouille ? Vivre ainsi continuellement dans la boue, dans l’eau ? Malgré les dangers, les souffrances et les privations la situation à nous soldats est meilleure que la vôtre dans la partie envahie. Les déportations ! L’esclavage ! Qu’elle vision atroce, notre inquiétude dépasse ses bornes ! Qu’advient-il de nos Parents, de nos frères, de nos familles. Ah ! Quel cauchemar pour nous ! Chers Parents Puisse la Providence m’épargner ce malheur, puisse-t-elle vous gardez tout à mon amour. Il paraît que les déportations auront lieues à Bruxelles le 15 ou le 18. Ecrivez mois, vite et dites moi sans détour le sort qu’il vous aura été réservé. C’est haletant que j’attendrai de vos nouvelles.

Je termine Chers Parents, frères, M. Facq, Tante, Petit Jean, Chrétien et amis en vous embrassant tous bien fort des bords de l’Yser.

 

(Chaque lettre ne pouvant contenir qu’une seule feuille je continuerai la présente dans une autre).

 

Votre fils qui vous aime,

Jean