21. Mon premier congé

19 janvier 1917: Parents adorés, chers frères, M. Facq, Tante, Chrétien et petit Jean. Cette lettre est la seconde partie de la lettre que je vous ai adressée le 16 courant et si j’en obtiens l’autorisation j’y joindrai une photo qui certes ne manquera pas de vous intéresser. Vous n’aurez pas de peine de reconnaître […]



19 janvier 1917:

Parents adorés, chers frères, M. Facq, Tante, Chrétien et petit Jean.

Cette lettre est la seconde partie de la lettre que je vous ai adressée le 16 courant et si j’en obtiens l’autorisation j’y joindrai une photo qui certes ne manquera pas de vous intéresser. Vous n’aurez pas de peine de reconnaître à mon côté notre François ! Que j’ai eu l’occasion de rencontrer pour la seconde fois au début de Décembre. Pendant 8 jours j’ai cantonné à 200 mètres de son cantonnement. Il est toujours très heureux lorsqu’il peut me voir, il faut avouer que je suis la seule connaissance qu’il aie par ici. Il se porte à merveille, il boite un peu de la jambe droite quelque peu paralysée à la suite des blessures qu’il a reçues au début de l’année 1915. Actuellement il est convoyeur aux trains de munitions.

Parlons un peu du cousin Jacques qui est d’une gentillesse inouïe à mon égard. Comme je vous l’ai écrit précédemment j’ai été en congé chez lui au mois d’Octobre dernier. J’avais obtenu 7 jours de congé, le voyage aller et retour m’a pris 3 jours. J’ai donc pu en passer 4 auprès de lui. Je dois vous dire que Jacques s’est montré plein d’attentions et d’amabilité pour moi.  Ah ! Chers Parents quel bonheur pour moi que d’avoir eu après 16 mois, quelques heures de liberté ! C’était le 1er congé que j’avais demandé depuis que je suis sous les armes. En revenant à Paris et avant de prendre le train qui devait me ramener au front j’ai été rendre une courte visite à Monsieur Lucien [illisible] qui m’a reçu d’une façon très aimable (la famille s’est complétée d’une petite fille.) Il est fort probable que Jacques doive dans quelques jours reprendre les armes, peut-être bien aussi pourra-t-il rester à l’arrière comme mobilisé dans l’usine de guerre où il travaille actuellement. Sa santé est excellente. L’ami André a profité de son congé pour aller à Lourdes et c’est ainsi qu’il a eut le bonheur d’assister à la messe de minuit dans la Basilique du Rosaire, il a eut la consolation de passer les fêtes de Noël 1916 d’une façon pieuse ; il a pu dans le recueillement et la prière puiser le réconfort et le courage qui nous sont bien nécessaire. Ce jour-là je l’ai passé au feu où il a fallu travailler d’arrache pied mais c’est avec grand cœur que le l’ai fait. Mon travail aura remplacé efficacement la Prière. Lucien, Henri, Frédéric, Vander [illisible]  sont tous en excellente santé, je parlerai plus longuement d’eux dans ma prochaine lettre. Je vous quitte en vous embrassant tous bien fort de loin.

Mes bonnes amitiés à toute la famille, amis et connaissances sans oublier Chrétien.

 

Votre Jean.